Interview de SIMON PERRIN musicien très actif de la scène underground française

LOCAL METAL BANDS webzine 


1- Salut Simon, merci de répondre pour LOCAL METAL BANDS webzine. On te voit beaucoup sur les réseaux, peux tu nous en dire plus sur toi et le rapport que tu as avec la musique et en particulier le Metal ?
 

Salut ! Pour citer une pauvre tache qui se reconnaitra, je suis un poète maudit et factice, cliché éculé de la rock star "destroy", artiste incompris et pathétique. Blague à part, je fais de la musique depuis fort longtemps. Apprentissage un peu tardif à mon goût, cumulé avec quelques grosses erreurs de parcours qui m'auront coûté presque 15 ans d'inactivité totale ainsi que mes meilleures années. Mais aujourd'hui, je suis plus que jamais déterminé à aller jusqu'au bout.J'ai découvert le Metal à l'aube de mes 14 ans avec Splinkot. Spipnot. Splikont. MERDE ! Slipknot ! Voilà !De la gratte saturée, de la batterie ultra-vénère, 10 gros mots beuglés à la minute… Pour mon esprit de pré-adolescent inadapté c'était suffisant, je suis tombé dedans comme un Homer Simpson qui tombe dans un ravin car il y a vu un donut.C'est un de mes amis d'enfance qui m'a enseigné les premiers rudiments de guitare.
La musique, c'est mon moyen d'expression préféré. Je dois être un peu en dessous du niveau zéro de l'intelligence sociale, quelque part la musique est le meilleur moyen pour moi de laisser transparaître mes émotions sans mots maladroits.


2- On peut te voir évoluer dans différents projets et pour certains pas des moindres, comment arrives tu à t'organiser avec autant de groupes ?

Pour être tout à fait franc, ce n'est pas facile tous les jours ! Il faut un bon agenda, et beaucoup d'endurance. Cela n'empêche pas, parfois, que j'ai du mal à décrire mon emploi du temps avec précision lorsqu'on me le demande, car à la base je suis un impulsif, du genre pas mal chaotique. Quelque part, tout ça me force à maintenir une certaine discipline.Il arrive parfois, malgré tout, que je me mélange les pinceaux et que je me retrouve dans des situations pour le moins anxiogènes voire conflictuelles. Mais ça fait partie du package, et j'assume comme je le peux.


3- Tu es dans Muertissima, Demande À La Poussière, Supplice, dernièrement avec In Hell et d'autres groupes, as-tu une façon de travailler qui est la même pour tous, où abordes-tu différemment ta façon de faire pour chaque groupe ?

Tu y étais presque, je suis également dans Anthropovore, Smoke, Circle of Trust et Dredi band ! Respectivement blackened death, post-stoner, pop-rock et punk.J'aime varier les plaisirs, en tant que musicien je trouve dommage de ne s'adonner qu'à un seul style. Effectivement, il y a une façon de faire propre à chaque groupe, et c'est justement ça qui est le plus ludique.
J'aime bien de temps en temps faire sonner la gratte en clair, piquer des riffs à Souchon ou Stephan Eicher et laisser l'inspiration des nuages et des p'tits chatons faire le reste.. Ou encore passer l'ampli en crunch et balancer 4 accords avec des paroles bien scandées… Ou brancher la fuzz, bouffer des champis et faire des gammes de blues sur des structures impaires à 50 bpm en chantant la venue de la prêtresse de Mars dans les champs de Dammartin-en-Goelle... Et le reste du temps, mettre tous les potards à fond et laisser le démon s'exprimer !
Ce sont là entre autres facettes que je présente en tant que personne dans la vraie vie, autant en profiter musicalement sous forme de palette d'expressions.Une autre nuance que je pourrais relater se trouve dans la direction artistique propre à chaque groupe. Il faut savoir que je n'ai fondé aucun des groupes dans lesquels je suis, je les ai tous rejoint à un moment de leur vie, ce qui implique que je suis plus ou moins "drivé" par les autres membres. Tantôt on me laisse une liberté créatrice totale, tantôt je serai le simple exécutant d'une volonté collective, parfois un peu des deux. Tout dépend de l'univers que le groupe veut dépeindre, et dans la limite de mes capacités évidemment. Il y a du bon à prendre dans chacune de ces conditions. Et aussi du mauvais ; mais ça, il y en a partout, inutile de s'attarder dessus.


4- En parlant de In Hell, comment s'est passée ton arrivée dans ce groupe ?

Un beau jour j'étais au salon de coiffure afro pour me faire poser des tresses avant de partir en concert avec Muertissima, et d'un coup j'ai reçu un appel d'un opportuniste qui... (rires)Blague à part, Fabrice voulait me recruter comme chanteur, et j'ai accepté, tout simplement !Je lui avais fait part de mes nombreux projets, mais ça n'avait pas eu l'air de le gêner plus que ça.Dès les premiers enregistrements que j'eus envoyés sur les démos, je savais que c'était le début d'une fructueuse collaboration qui se dessinait trait par trait. Les riffs cinglants et sans concession, c'était un autre genre de son que je recherchais depuis quelque temps. Aujourd'hui, nous avons deux répétitions dans les pattes et nous sommes déjà sur le pied de guerre !


5- Quel est ton avis sur la scène Metal en France ?

Bien que certains fanfarons la qualifient de "vieillissante", je vois énormément de groupes jeunes, investis et motivés, prêts à bouffer de la scène et du studio, et tous plus talentueux les uns que les autres.Je pense que la scène Metal française est en perpétuel renouveau, malheureusement en grande partie invisibilisée par les grands noms de toutes origines. Quelque part, ça peut se comprendre, notamment avec la multiplicité des groupes existants de nos jours.Il n'y a qu'à comparer avec la TV, par exemple. Il y a quelques décennies, on avait 6 chaînes et on regardait même les émissions que l'on n'aimait pas. Aujourd'hui, on a plusieurs centaines de chaînes que l'on ne regarde même pas, énormément de gens restent bloqués sur les mêmes.Les habitudes ont la vie dure !


6- La scène Metal underground française regorge de très bons groupes, mais avec peu de visibilité, quel est selon toi ce qu'il manque aujourd'hui à cette scène ?

C'est difficile à dire. Pour combattre la tendance naturelle du public à aller vers les grands noms plutôt que le reste, on a tendance à se dire qu'il faut rivaliser d'ingéniosité. Cependant, de nos jours ça ne suffit plus. Il n'y a pas que les groupes qui sont nombreux, les canaux de diffusion sont également multiples... Et dématérialisés.Aujourd'hui, promouvoir son groupe, c'est presque comme être dans la finance. Il faut faire les bonnes opérations au bon moment si on veut que ça décolle, c'est un savoir-faire que très peu de personnes maîtrisent réellement.M'est avis qu'il faut surtout avoir le bon cercle de relations.


7- La dernière question est pour toi, tu as la liberté de dire ce que tu veux, merci d'avoir répondu à ces questions, c'est à toi !

Certains (dont moi) parlent d'un déclin du bon goût artistique, comme une nouvelle ôde à la médiocrité. J'ai cette impression aussi, mais je relativise en me rappelant qu'un tube de Vincent Lagaf a été dans le top 8 des charts en France, en 1990. Le mauvais goût en général est intemporel, il est omniprésent, et surtout immortel.Je ne me prétends pas juge et partie en ce qui concerne la qualité de la musique en général, mais en écoutant beaucoup de choses qui se font aujourd'hui, la plupart d'entre vous qui me lirez serez d'accord avec moi quand je dis que là, objectivement, c'est de la merde. Et il n'y a rien à développer, c'est de la merde, c'est tout. Je n'ai même pas besoin de citer de noms, je sais déjà que les mêmes tomberont souvent dans toutes les têtes sans même réfléchir.
Ces mêmes noms qui se sont répandus tels des maladies dans l'esprit des plus ou moins jeunes au travers de supports restituant un son en qualité cibi, les rendant hermétiques à toute autre chose, les aliénant des notions basiques de Hi-Fi… C'est un nivellement par le bas, généralisé et acclamé par le plus grand nombre.
Petite anecdote au passage, avec un groupe nous voulions faire écouter un nouveau morceau à notre label, le gérant a commencé à l'écouter sur son téléphone ! Et ce alors qu'il avait son sound system de studio juste derrière lui !Je me souviens avoir pris ça comme un énorme manque de respect et de considération, ayant temporairement oublié que la détérioration des usages se faisait à une vitesse qui, à l'échelle d'une civilisation, dépasse l'entendement.
Pour en revenir à ce que nous disions, ce public, celui qui ne valorise plus le talent, ne jure que par la chiasse qu'on lui fait ingurgiter chaque jour et qui arrive à rester sain d'esprit malgré tout, est celui qui signera un jour l'arrêt de mort d'une scène comme la nôtre. "Monsieur Normal", comme dirait Trent Lane.

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